La multiplication des pains et des poissons (Jean 6, 1 - 15)
par Alexandra Domnec

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Huile sur toile - 65 x 54 cm (15 F) - Septembre 2012

Le tableau, semaine après semaine
 Description du tableau     

Voir les articles parus sur ce tableau : le journal "Relais" de l'ACE (Action Catholique des Enfants) et le journal "Dialogue" de la Paroisse Saint-Gilles de Bourg-la-Reine  

Texte de la Bible 

1 Après cela, Jésus s'en alla sur l'autre rive de la mer de Galilée, la mer de Tibériade. 2 Une grande foule le suivait, parce qu'elle voyait les signes qu'il produisait sur les malades. 3 Jésus monta sur la montagne ; là, il s'assit avec ses disciples. 4  Or la Pâque, la fête des Juifs, était proche.

5 Jésus leva les yeux et vit qu'une grande foule venait à lui ; il dit à Philippe : Où achèterons-nous des pains pour que ces gens aient à manger ? 6 Il disait cela pour le mettre à l'épreuve, car il savait, lui, ce qu'il allait faire. 7 Philippe lui répondit : Deux cents deniers de pains ne suffiraient pas pour que chacun en reçoive un peu. 8 Un de ses disciples, André, frère de Simon Pierre, lui dit : 9 Il y a ici un jeune garçon qui a cinq pains d'orge et deux poissons ; mais qu'est-ce que cela pour tant de gens ? 10 Jésus dit : Faites installer ces gens. — Il y avait beaucoup d'herbe en ce lieu. — Ils s'installèrent donc, au nombre d'environ cinq mille hommes. 11 Jésus prit les pains, rendit grâce et les distribua à ceux qui étaient là ; il fit de même pour les poissons, autant qu'ils en voulurent. 12 Lorsqu'ils furent rassasiés, il dit à ses disciples : Ramassez les morceaux qui restent, pour que rien ne se perde. 13 Ils les ramassèrent donc ; ils remplirent douze paniers avec les morceaux des cinq pains d'orge qui restaient à ceux qui avaient mangé.

14 A la vue du signe qu'il avait produit, les gens disaient : C'est vraiment lui, le Prophète qui vient dans le monde.

15 Jésus, sachant qu'ils allaient venir s'emparer de lui pour le faire roi, se retira de nouveau sur la montagne, seul.

(d'après la Nouvelle Bible Segond)

Description

La scène : Un moment de paix et de partage...

C'est bientôt la fin du jour. Nous sommes un peu au-dessus de Bethsaïda, petit village de pêcheurs au nord du lac de Tibériade.

Sous un grand olivier, nous voyons 5 pains et 2 poissons disposés devant Jésus-Christ, ainsi que les 12 disciples et une foule de 5000 hommes, assis dans l'herbe. Il s'agit d'un de ces moments de paix, de douceur, de repos, de partage, de vie, ... de grâce !

La "multiplication des pains" est relatée dans les 4 évangiles* de différentes manières. Dans l'Evangile de Jean, c'est le 4ème signe* sur un ensemble de 7. Ce qui lui confère une position centrale. Un 8ème signe, la "pêche miraculeuse", est raconté à la fin de l'évangile, après la résurrection de Jésus-Christ.

En commençant à peindre ce tableau, je me suis demandée "où nous étions exactement ?"
Et au fil du texte, j'ai trouvé différents indices que je vous propose de découvrir.

Est-ce un lieu géographique ? Que nous apprend Bethsaïda ? Qui peut y venir ?
Quelles sont les différentes pièces de cette maison
? Quel est ce jardin ?

(En cliquant sur le mot, vous allez directement à la réponse signalée par un rond vert )

 

* La "multiplication des pains" dans les 4 évangiles : Matthieu 14, 13 - 21 et 15, 32 - 39 ; Marc 6, 30 - 44 et 8, 1 - 10 ; Luc 9, 10 - 17 ; Jean 6, 1 - 15.
* Dans l'Evangile de Jean, on trouve les mots "signe" (semeion) ou "oeuvre" (ergon) plutôt que faits miraculeux. Les signes ne contraignent pas à la foi : ils l'éclairent et l'affermissent.

Le message : Ne sommes-nous pas le pain d'un d'autre ?

1/ Où sommes-nous ?

"1 Après cela, Jésus s'en alla sur l'autre rive de la mer de Galilée, la mer de Tibériade."
"3 Jésus monta sur la montagne ; là, il s'assit avec ses disciples."

Existe-il un lieu géographique exact ?

Le lieu exact de la multiplication des pains, dans l'Evangile de Jean, n'est pas précisé. Je suis donc partie en quête de ce lieu, un peu comme les 2 premiers disciples de Jean-Baptiste qui se mettent à suivre Jésus...

"38 Jésus se retourna, et voyant qu'ils le suivaient, il leur dit : Que cherchez-vous ? Ils lui répondirent : Rabbi ce qui signifie Maître, où demeures-tu ? 39 Venez, leur dit-il, et voyez. Ils allèrent, et ils virent où il demeurait; et ils restèrent auprès de lui ce jour-là. C'était environ la dixième heure." (Jean 1, 38 - 39)

  • Dans l'Evangile de Jean, il est juste dit que "Jésus s'en alla sur l'autre rive de la mer de Galilée".
  • Pour Matthieu et Marc, il s'agit d'un lieu à l'écart (des villes) et désert.
  • Luc est plus précis "A leur retour, les apôtres racontèrent à Jésus tout ce qu'ils avaient fait. Il les emmena et se retira à l'écart du côté d'une ville appelée Bethsaïda." (Luc 9, 10)
Ah voici un indice, Bethsaïda !
Que nous apprend la ville de Bethsaïda ?

bethsaida

Dans l'Evangile de Jean, les 5 premiers disciples (voir en annexe 1 : Jean 1, 35 - 51) viennent de 2 villages situés sur le Lac de Tibériade (ou Mer de Galilée). Les 3 ou 4 premiers disciples sont des pêcheurs et vivent à "Bethsaïda" . Il s'agit d'un inconnu (peut-être Jean ?) et d'André, les 2 disciples de Jean-Baptiste, puis du frère d'André, Simon Pierre et ensuite de Philippe. Ce village se situe sur la rive Est du Jourdain et signifie en hébreu la "maison de la pêche".
Un 5ème disciple, Nathanaël, vient de Cana située à l'Ouest du Jourdain. Jésus dit de lui : "Voici un véritable Israélite en qui il n'est point d'artifice." (Jean 1, 47)

En tout, ils sont 5. Tiens, comme les "5 pains d'orge" !

Cette donnée géographique est intéressante. Car dans l'Ancien Testament, le Jourdain est une frontière naturelle entre la Terre Promise des hébreux (le peuple élu) et le monde païen. Les 5 premiers disciples viennent donc des 2 rives. Ces 5 premiers disciples sont a priori une base. Et le premier "échantillon" des proches de Jésus-Christ vient symboliquement, pourrait-on dire, du monde entier.

Par ailleurs, la scène de la multiplication se passe sur cette rive Est du Jourdain ("sur l'autre rive de la mer de Galilée"), dans le monde païen, dans l'Hermon... Ce qui renforce une fois encore à mon avis l'idée que ce message est adressé à tous (ce qui n'était pas évident pour l'époque).

Bon, très bien, mais tout ça ne nous dit pas encore "où nous nous trouvons". Peut-être que pour mieux cerner ce lieu, il faut étudier ce que nous y faisons, "ce que nous y cherchons"...

2/ Que cherchons-nous ?

J'ai l'impression que Jésus-Christ nous fait découvrir chaque pièce de cette "demeure". Et cette découverte se fait par l'observation et l'apprentissage des "manières" de son hôte.

Pas à pas au cours de cette visite, j'ai le sentiment que nous entendons de mieux en mieux les battements de coeur de cette maison, un peu comme une horloge qui rythme le temps et dont le carillon raisonne dans toutes les pièces. Plus nous faisons silence, plus nous nous rapprochons du centre de cette demeure, plus nous l'entendons, plus nous l'écoutons... Et son absence deviendrait insupportable.

Ce battement, c'est celui qui cadence la Parole de Jésus-Christ qui au fur et à mesure ouvre l'appétit de ses hôtes et nourrit leur coeur d'un pain de vie...

1er pas : "lever les yeux"

"2 Une grande foule le suivait, parce qu'elle voyait les signes qu'il produisait sur les malades."
"5
Jésus leva les yeux et vit qu'une grande foule venait à lui ; [...]"

Porte d'entrée :

La foule voit en Jésus seulement l'idée d'un guérisseur. Qu'importe les motivations de ceux qui viennent. La seule chose qui est peut-être "nécessaire" pour venir dans ce lieu, c'est de "lever les yeux" et de chercher quelque-chose, même si on ne sait pas exactement quoi, ni où le trouver, ni même pourquoi !
En tout cas, tout le monde est invité, sans restriction...

2ème pas : "accueillir l'inconnu (l'impossible)"

"5 [...] ; il dit à Philippe : Où achèterons-nous des pains pour que ces gens aient à manger ?"

Pièce de réception :

Ensuite, il s'agit d'accueillir l'inconnu qui vient et de chercher à lui offrir du pain. Ce passage me fait penser également à l'accueil que fit Abraham aux 3 hommes dans l'Ancien Testament (Genèse 18, 1 - 5).

"1 Le SEIGNEUR lui apparut aux térébinthes de Mamré, alors qu'il était assis à l'entrée de sa tente, pendant la chaleur du jour. 2 Il leva les yeux et vit trois hommes debout devant lui. Quand il les vit, il courut à leur rencontre, depuis l'entrée de sa tente, se prosterna jusqu'à terre 3 et dit : Seigneur, si j'ai trouvé grâce à tes yeux, ne passe pas, je te prie, sans t'arrêter chez moi, ton serviteur ! 4 Laissez-moi apporter un peu d'eau, je vous prie, pour que vous vous laviez les pieds, puis reposez-vous sous l'arbre ! 5 Je vais chercher quelque chose à manger pour que vous vous restauriez ; après quoi vous passerez votre chemin, car c'est pour cela que vous êtes passés chez moi, votre serviteur. Ils répondirent : D'accord, fais comme tu as dit." (Genèse 18, 1 - 5)

Car la fonction du pain est, je crois dans la Bible, de "soutenir le cœur de l'homme" :

"Le vin qui réjouit le cœur de l'homme, Et fait plus que l'huile resplendir son visage, Et le pain qui soutient le cœur de l'homme." (Psaume 104, 15)

"6 Il disait cela pour le mettre à l'épreuve, car il savait, lui, ce qu'il allait faire. 7 Philippe lui répondit : Deux cents deniers de pains ne suffiraient pas pour que chacun en reçoive un peu. 8 Un de ses disciples, André, frère de Simon Pierre, lui dit : 9 Il y a ici un jeune garçon qui a cinq pains d'orge et deux poissons ; mais qu'est-ce que cela pour tant de gens ?"

De la cave au grenier :

C'est un lieu, où nous sommes "incités" à réfléchir. Où nous sommes poussés à comprendre quelque-chose par l'expérience. Comme dans ce cas "extraordinaire" où nous devons faire le tour des possibilités pour chercher une solution. Ce qui conduit à constater certaines limites de notre existence. Et peut-être même à se demander s'il est possible d'envisager autre chose...

Mais quoi ?

3ème pas : "recevoir et donner son pain quotidien"

10 Jésus dit : Faites installer ces gens. — Il y avait beaucoup d'herbe en ce lieu. — Ils s'installèrent donc, au nombre d'environ cinq mille hommes.

Dans le jardin au repos :

Alors on sort de cet espace limité, de ces 4 murs dont on fait le tour sans succès et on va prendre l'air dans le jardin. On va respirer !

Puis on y installe ses hôtes confortablement dans un lieu paisible, dans un "grand et vert pâturage". Cette image me fait penser au magnifique "Psaume 23 " (voir en annexe 3 : Psaume 23) de l'Ancien Testament.

"Le SEIGNEUR est mon berger : je ne manquerai de rien. 2 Il me fait coucher dans de verts pâturages, il me dirige vers des eaux paisibles." (Psaume 23, 1 - 2)

Car comme le battement de cœur de l'horloge, "il y a un temps pour tout" (Ecclesiaste 3, 1 - 8). Un temps pour marcher et un temps pour se reposer, un temps pour utiliser ses ressources et un temps pour se restaurer, un temps pour parler et un temps pour écouter, un temps pour "recevoir" et un temps pour "donner". Il y a un temps pour chaque chose.

C'est comme pour créer un beau jardin. Il y a un temps pour semer, un temps pour voir pousser et un temps pour récolter...

Et là, comme Marie (voir en annexe 4 : Marthe et de Marie dans Luc 10, 38 - 42), nous allons nous asseoir et découvrir, comme ce fut annoncé aux disciples en Samarie, une "nourriture que nous, nous ne connaissons pas" (voir en annexe 5 : Jean 4, 32), tout en apprenant comment la préparer et la servir. Alors, qu'est-ce qu'est-ce que c'est !?

"4 Or la Pâque, la fête des Juifs, était proche"

Cette nourriture est faite à base d'orge ("5 pains d'orge") et nous sommes proche de la Pâque. C'est donc une nourriture de saison.

Rappel : En effet, il existait 3 fêtes des récoltes, celle de l'orge, le grain commun (mars/avril), celle du blé, le grain noble (mai/juin) et celle du raisin et des fruits (septembre/octobre). Israël va donner une nouvelle signification à ces trois fêtes. Puis, le christianisme reprend à son tour la tradition juive en l'adaptant.

La récolte de l'orge correspond à la Pâque juive (ou Paques chez les chrétiens), celle du blé 50 jours plus tard à la Fête des Semaines (ou Pentecôte chez les chrétiens) et celle des fruits, en automne, à la très joyeuse Fête des Tentes (ou je crois "Thanksgiving" chez certains chrétiens...).

Dans l'Ancien Testament, la Pâque juive (Pessa'h ou la fête des Pains sans levain) correspond à la libération par Dieu du Peuple Hébreux de l'Egypte (Exode 34, 18 - 23) et le début de l'Exode. Le départ des Hébreux fut si précipité que le pain n'eut même pas le temps de lever. Depuis, le pain est mangé sans levain durant la semaine qui précède la Pâque. A cette occasion, les prémices de la récolte, les premières gerbes d'orge sont offertes au Temple (Lévétique 23, 5 - 14).

On avance, on avance...
Donc, nous sommes avec ces 5000 hommes, au printemps
, dans un grand jardin, confortablement assis. Nous sommes un peu comme cette terre "au repos" où rien n'est en train de pousser ou dirions-nous "de lever" ; Une terre pure... à la recherche d'une "terre promise"...

Et nous voyons que déjà au loin, les champs d'orge "sont blancs pour la moisson" (Jean 4, 35). Maintenant, nous avons faim !

11 Jésus prit les pains, rendit grâce et les distribua à ceux qui étaient là ; [...]

Dans un jardin fertile :

  • "Jésus prit les pains"

Il y a en tout "5 pains d'orge". Je pense que c'est une allusion aux "5 premiers disciples" de l'Evangile de Jean (Jean 1, 35 - 51).

Ils sont comme 5 petites graines d'orge qui ont germé et poussé, arrosées et soignées par Jésus-Christ. Chaque graine s'est multipliée portant de beaux épis qui se sont épanouis à la lumière de son enseignement et qui ont gonflé au levain* de sa Parole. Ils sont comme les prémices d'une première récolte d'orge.

Et de cette récolte, 5 pains d'orge (ou devrait-on dire 5 "mazas"*, sorte de galettes plates) ont été fabriqués. Car le but de toute ce labeur, c'est de fabriquer le pain "qui soutient le cœur de l'homme"...

* Levain : ce mot dans le Nouveau Testament est en générale une métaphore pour désigner "l'enseignement". "Un peu de levain fait lever toute la pâte". Bien qu'appliqué en petite quantité, il peut par son influence modifier entièrement une chose dans le mauvais (Matthieu 16, 6) comme dans un bon sens (Matthieu 13, 33). Mais, contrairement aux 3 autres évangiles, le mot "levain" n'apparaît pas dans l'Evangile de Jean. Alors que le mot "orge" n'apparaît que dans celui-ci (Jean 6, 9 et 6, 13) ainsi que dans l'Apocalypse (Apocalypse 6,6).

* "La Maza, le pain quotidien des Hellènes" : voir la 3ème partie du site : http://www.proarchaeologia.org/...

  • Jésus "rend grâce"

Je me suis demandée ce que voulait dire "rendre grâce" (en grec "eucharisteo"). Voilà où j'en suis.

Le don de la grâce, j'ai l'impression que c'est une magnifique histoire d'amour entre un père et ses enfants. C'est d'abord un Père qui aime ses enfants. Et certains apprennent à "aimer" en voyant chaque jour leur Père les "aimer", en vivant auprès de lui, en mangeant ce qu'il sert, en observant les règles de sa maison (Loi), en se nourrissant de sa Parole... Puis l'enfant grandit et part du nid.

Jésus-Christ a reçu cet amour et dans toute son humanité, c'est-à-dire avec son libre-choix, il a réussi à "aimer" comme son Père. L'homme est capable lui aussi de "donner" à Dieu et aux hommes tout son amour, tout son être, toute sa vie. L'homme peut "aimer" entièrement. En tout cas "notre frère aîné" en est capable !...

Et c'est en ça que je comprends le "il rendit grâce".
Par cet acte, il loue son Père de l'"aimer" et de lui apprendre à "aimer". Il le reçoit à chaque instant, comme un présent. Et là, l'aîné de cette grande famille offre un cadeau à son Père. Il lui donne "les prémices" de sa première récolte : une poignée de disciples !

"2 tu prendras des prémices de tous les fruits que tu retireras du sol dans le pays que l'Eternel, ton Dieu, te donne, tu les mettras dans une corbeille, et tu iras au lieu que choisira l'Eternel, ton Dieu, pour y faire résider son nom." (Deutéronome 26, 2)
  • ...et les distribua à ceux qui étaient là ;
 

Donc, comme une fontaine en vases communicants, nous sommes dans un lieu où à notre tour, Jésus-Christ donne et nous apprend ainsi à recevoir les dons infinis de "notre Père" ("autant qu'ils en voulurent"), à le louer, à lui "rendre grâce".

Et en distribuant lui-même le pain, il nous apprend à servir son prochain, comme il le fit ensuite lors de son dernier repas en lavant les pieds de ses disciples (voir en annexe 6 : Jean 13, 12 - 20).

C'est donc un lieu d'échange, de communion (mise en commun), de don de soi (service), de joie, de vie...

12 Lorsqu'ils furent rassasiés, il dit à ses disciples : Ramassez les morceaux qui restent, pour que rien ne se perde. 13 Ils les ramassèrent donc ; ils remplirent douze paniers avec les morceaux des cinq pains d'orge qui restaient à ceux qui avaient mangé.

Dans le jardin d'Eden :

  • "Ramassez les morceaux qui restent, pour que rien ne se perde"

C'est un lieu où l'on reçoit plus que de nécessaire. Et chaque morceau de pain compte, chaque don compte, chaque présent compte...

Et quels sont ces morceaux de pain ?
Ils sont, à mon avis, des morceaux d'amour et de vie :

MULTIPLICATION
- celui de monter sur une montagne et de nous apprendre à venir près de Dieu,
- celui de lever les yeux et de nous apprendre à voir au-delà de nos propres enfermements,
- celui d'accueillir l'inconnu et de nous apprendre à dépasser nos frontières,
- celui de chercher à lui offrir du pain et de nous apprendre à nous donner au bonheur des autres,

- celui de nous inciter à voir nos limites et de nous apprendre à demander de l'aide,
- celui d'installer ses hôtes dans un lieu de paix et de nous apprendre à prendre soin,
- celui de semer, voir pousser et récolter et de nous apprendre à cultiver patiemment notre jardin,
- celui de faire du pain et de nous apprendre à utiliser à une bonne "faim" le fruit de son travail,
- celui de rendre grâce et de nous apprendre à recevoir et donner (transmettre) les dons de Dieu,
- celui de distribuer et de nous apprendre à servir son prochain,

- celui de rassasier ses hôtes et de nous apprendre à connaitre la faim de ses amis,
- celui de donner plus que nécessaire et de nous apprendre à être généreux en toutes choses et plus encore que nous n'aurions pu imaginer...
Car ce pain, c'est le pain de vie qui rassasie.

"35 Jésus leur dit : C'est moi qui suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n'aura jamais faim, et celui qui met sa foi en moi n'aura jamais soif." (Jean 6, 35)

Il est la source de vie "qui soutient le cœur de l'homme"

Et ce pain c'est toute la vie de Jésus-Christ, sa Parole, ses "manières d'agir", son "amour" reçu et donné. C'est cette Parole qui annonce et accomplit dans la foulée ce qu'elle dit. C'est tous ces morceaux de vie, comme des morceaux de pain qui peu à peu nous nourrissent, nous restaurent et transforment notre vie.

"l'homme ne vit pas de pain seulement, mais que l'homme vit de tout ce qui sort de la bouche de l'Eternel." (Deutéronome 8, 3)

Alors, en guise de réponse aux 200 deniers de Philippe, au début du texte : "Pourquoi pesez-vous de l'argent pour ce qui n'est pas du pain ? Pourquoi vous fatiguez-vous pour ce qui ne rassasie pas ? Ecoutez-moi donc et mangez ce qui est bon, et vous vous délecterez de mets succulents." (Esaïe 55, 1 - 2)

 

C'est donc un lieu où nous pouvons demander et recevoir chaque jour de ce pain de vie. "Donne-nous aujourd'hui notre pain quotidien ;" (Matthieu 6, 11)

C'est un lieu où nous sommes "restaurés". Ce verbe a plusieurs sens, comme pour le verbe hébreu "Shuwb". Nous sommes "restaurés" dans le sens de "nourris", mais aussi dans celui de "réparés" ("remis à neuf") et dans celui de "revenus" ("retourné") à nos origines, c'est-à-dire celles "d'être un enfant de Dieu". Ce lieu, ne serait-ce pas le "Jardin d'Eden"* ?

    * `Eden signifie en hébreu "plaisir, délices". C'est le premier habitat de l'homme après la création.
    "Le SEIGNEUR Dieu planta un jardin en Eden, du côté de l'est, et il y mit l'homme qu'il avait façonné." (Genèse 2, 8)
    "Le SEIGNEUR Dieu prit l'homme et le plaça dans le jardin d'Eden pour le cultiver et pour le garder." (Genèse 2, 15)

  • "ils remplirent douze paniers"

Et tous ces morceaux de pain sont maintenant contenus dans 12 paniers. Ils sont comme des morceaux de vie, de joie et d'amour que les 12 disciples vont emporter avec eux sur le chemin, comme des présents qui leur sont confiés à distribuer à l'inconnu...

Ne sommes-nous pas le pain d'un d'autre ?

11 [...] ; il fit de même pour les poissons, autant qu'ils en voulurent.

Dans un jardin intérieur :

  • Les "2 poissons"

- Un 1er pas, pour "lever les yeux".
- Un 2ème pas, pour "accueillir l'inconnu (l'impossible)".
- Et un 3ème pas, pour "recevoir et donner son pain quotidien"...

Nous voilà revenus sur le même pied, mais transformés !

Voilà ce que sont, je crois, ces 2 poissons :
Ils sont les battements de coeur du verbe "aimer" qui rythme la Vie comme une horloge : "donner" \ "recevoir" / "donner" \ "recevoir" /...

Et, ils sont les 2 pieds de l'heureux*, celui qui se lève et qui marche. Celui qui est prêt à porter* le fruit, c'est-à-dire d'"aimer" comme nous sommes aimés, de mettre en nous ce verbe comme un pain vital et ainsi de donner à nos rencontres peut-être l'envie de partager ce pain...

"8 Mon Père est glorifié en ceci : que vous portiez beaucoup de fruit et que vous soyez mes disciples." (Jean 15, 8)

* Le pain : Le "pain" en grec se dit "Artos" et vient du verbe "airo" qui signifie "élever, soulever" et aussi "prendre, porter, emporter..."
* "Heureux" : en hébreu se dit "'Esher" et vient du verbe : "'Ashar" qui signifie "être debout et en marche"

 

Ce lieu, je crois qu'il est en nous. C'est un "jardin intérieur", un "espace commun" d'amour et de vie que nous partageons en Dieu (par son Fils et par son Esprit) et avec tous les autres, nos frères, notre grande famille depuis la nuit des temps !
Et cette demeure, nous la trouvons, quand nous aimons...

"38 Jésus se retourna, et voyant qu'ils le suivaient, il leur dit : Que cherchez-vous ? Ils lui répondirent : Rabbi ce qui signifie Maître, où demeures-tu ? 39 Venez, leur dit-il, et voyez. Ils allèrent, et ils virent où il demeurait; et ils restèrent auprès de lui ce jour-là. C'était environ la dixième heure." (Jean 1, 38 - 39)

Synthèse

Ne sommes-nous pas
le pain d'un d'autre ?

...

Il y a un temps pour tout :
un temps pour "semer",
un temps pour "pousser",
un temps pour "récolter"

"4 Or la Pâque, la fête des Juifs, était proche."

Semer :

5000 hommes, comme 5000 graines d'orges,
gorgeant leur cœur de la Parole de Jésus-Christ,
Comme un champ ensemencé sous la rosée du matin

Pousser :

5 pains d'orge, comme 5 premiers disciples,
gonflés du levain de la Parole de Jésus-Christ,
Comme les prémices d'une première récolte

Récolter :

12 corbeilles, comme 12 disciples
remplis de la Parole de vie de Jésus-Christ
Comme le pain partagé d'une première récolte

Porter :

2 poissons, comme les 2 pieds de l'heureux
qui marche dans le monde,
Comme "donner" et "recevoir",
Les battements de coeur du verbe "Aimer"

Ne sommes-nous pas le pain d'un d'autre ?

...


ANNEXES

ANNEXE 1 : Les 5 premiers disciples - Jean 1, 35 - 51

Les premiers disciples de Jésus

"35 Le lendemain, Jean était de nouveau là, avec deux de ses disciples ; 36 il regarda Jésus qui passait et dit : Voici l'agneau de Dieu. 37 Les deux disciples entendirent ces paroles et suivirent Jésus. 38 Jésus se retourna, vit qu'ils le suivaient et leur dit : Que cherchez-vous ? Ils lui dirent : Rabbi — ce qui se traduit : Maître — où demeures-tu ? 39 Il leur dit : Venez et vous verrez. Ils vinrent et virent où il demeurait ; ils demeurèrent auprès de lui ce jour-là. C'était environ la dixième heure."

"40 André, frère de Simon Pierre, était l'un des deux qui avaient entendu Jean et qui avaient suivi Jésus. 41 Il trouve d'abord son propre frère, Simon, et il lui dit : Nous avons trouvé le Messie — ce qui se traduit : le Christ. 42 Il le conduisit vers Jésus. Jésus le regarda et dit : Toi, tu es Simon, fils de Jean ; eh bien, tu seras appelé Céphas — ce qui se traduit : Pierre."

Jésus appelle Philippe et Nathanaël

"43 Le lendemain, il voulut se rendre en Galilée, et il trouve Philippe. Jésus lui dit : Suis-moi. 44 Philippe était de Bethsaïda, la ville d'André et de Pierre.

45 Philippe trouve Nathanaël et lui dit : Celui au sujet duquel ont écrit Moïse, dans la Loi, et les prophètes, nous l'avons trouvé : c'est Jésus de Nazareth, fils de Joseph. 46 Nathanaël lui dit : Quelque chose de bon peut-il venir de Nazareth ? Philippe lui dit : Viens voir.

47 Jésus vit Nathanaël venir à lui, et il dit de lui : Voici un véritable Israélite, en qui il n'y a pas de ruse. 48 Nathanaël lui dit : D'où me connais-tu ? Jésus lui répondit : Avant que Philippe t'appelle, quand tu étais sous le figuier*, je t'ai vu. 49 Nathanaël reprit : Rabbi, c'est toi qui es le Fils de Dieu, c'est toi qui es le roi d'Israël. 50 Jésus lui répondit : Parce que je t'ai dit que je t'ai vu sous le figuier, tu crois ? Tu verras des choses plus grandes encore ! 51 Et il lui dit : Amen, amen, je vous le dis, vous verrez le ciel ouvert, et les anges de Dieu monter et descendre sur le Fils de l'homme." (d'après la Nouvelle Bible Segond)

* "sous le figuier" signifie généralement qu'il étudiait la Torah.

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ANNEXE 2 : Genèse 18, 1 - 5

"1 Le SEIGNEUR lui apparut aux térébinthes de Mamré, alors qu'il était assis à l'entrée de sa tente, pendant la chaleur du jour. 2 Il leva les yeux et vit trois hommes debout devant lui. Quand il les vit, il courut à leur rencontre, depuis l'entrée de sa tente, se prosterna jusqu'à terre 3 et dit : Seigneur, si j'ai trouvé grâce à tes yeux, ne passe pas, je te prie, sans t'arrêter chez moi, ton serviteur ! 4 Laissez-moi apporter un peu d'eau, je vous prie, pour que vous vous laviez les pieds, puis reposez-vous sous l'arbre ! 5 Je vais chercher quelque chose à manger pour que vous vous restauriez ; après quoi vous passerez votre chemin, car c'est pour cela que vous êtes passés chez moi, votre serviteur. Ils répondirent : D'accord, fais comme tu as dit."

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ANNEXE 3 : Psaumes 23

1 Psaume. De David. Le SEIGNEUR est mon berger : je ne manquerai de rien.
2 Il me fait coucher dans de verts pâturages, il me dirige vers des eaux paisibles.
3 Il restaure ma vie, il me conduit sur les sentiers de la justice, à cause de son nom.
4 Même si je marche dans la vallée de l'ombre de mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi : ta houlette et ton bâton, voilà mon réconfort.
5 Tu dresses devant moi une table*, en face de mes adversaires ; tu enduis ma tête d'huile, ma coupe déborde.
6 Oui, le bonheur et la fidélité m'accompagneront tous les jours de ma vie, et je reviendrai à la maison du SEIGNEUR pour la longueur des jours.

* La table (Shulchan en hébreu) fait référence, je crois, à la "table du pain offert" (Exode 25, 23) dans la "Tente du Rendez-vous" (c'est-à-dire la "Demeure de Dieu" au milieu de son Peuple).

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ANNEXE 4 : Marthe et de Marie (Luc 10, 38 - 42)

38 Comme Jésus était en chemin avec ses disciples, il entra dans un village, et une femme, nommée Marthe, le reçut dans sa maison.
39 Elle avait une soeur, nommée Marie, qui, s'étant assise aux pieds du Seigneur, écoutait sa parole.
40 Marthe, occupée à divers soins domestiques, survint et dit : Seigneur, cela ne te fait-il rien que ma soeur me laisse seule pour servir ? Dis-lui donc de m'aider.
41 Le Seigneur lui répondit : Marthe, Marthe, tu t'inquiètes et tu t'agites pour beaucoup de choses.
42 Une seule chose est nécessaire. Marie a choisi la bonne part, qui ne lui sera point ôtée.

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ANNEXE 5 : Jésus et la Samaritaine (Jean 4, 27 - 38)

27 Là-dessus arrivèrent ses disciples, qui s'étonnaient de le voir parler avec une femme. Toutefois aucun ne dit : « Que cherches-tu ? » ou : « De quoi parles-tu avec elle ? » 28 La femme laissa donc sa jarre, s'en alla dans la ville et dit aux gens : 29 Venez voir ! Il y a là un homme qui m'a dit tout ce que j'ai fait ! Serait-ce le Christ ? 30 Ils sortirent de la ville pour venir à lui.

31 Pendant ce temps, les disciples lui disaient : Rabbi, mange ! 32 Mais il leur dit : Moi, j'ai à manger une nourriture que, vous, vous ne connaissez pas. 33 Les disciples se disaient donc les uns aux autres : Quelqu'un lui aurait-il apporté à manger ? 34 Jésus leur dit : Ma nourriture, c'est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé et d'accomplir son œuvre. 35 Ne dites-vous pas, vous, qu'il y a encore quatre mois jusqu'à ce que vienne la moisson ? Eh bien, je vous le dis, levez les yeux et regardez les champs : ils sont blancs pour la moisson. Déjà 36 le moissonneur reçoit un salaire et recueille du fruit pour la vie éternelle, pour que le semeur et le moissonneur se réjouissent ensemble. 37 En cela, en effet, ce qu'on dit est vrai : L'un sème, l'autre moissonne. 38 Moi, je vous ai envoyés moissonner ce qui ne vous a coûté, à vous, aucun travail ; d'autres ont travaillé, et vous, vous êtes arrivés pour recueillir le fruit de leur travail.

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ANNEXE 6 : Jésus lave les pieds de ses disciples (Jean 13, 12 - 20)

1 Avant la fête de la Pâque, sachant que l'heure était venue pour lui de passer de ce monde au Père, Jésus, qui avait aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu'au bout.

2 Pendant le dîner, alors que le diable a déjà mis au cœur de Judas, fils de Simon Iscariote, de le livrer, 3 Jésus, qui sait que le Père a tout remis entre ses mains, qu'il est sorti de Dieu et qu'il s'en va à Dieu, 4 se lève de table, se défait de ses vêtements et prend un linge qu'il attache comme un tablier. 5 Puis il verse de l'eau dans une cuvette et se met à laver les pieds des disciples et à les essuyer avec le linge qui lui servait de tablier. 6 Il vient donc à Simon Pierre, qui lui dit : Toi, Seigneur, tu me laves les pieds ! 7Jésus lui répondit : Ce que, moi, je suis en train de faire, toi, tu ne le sais pas maintenant ; tu le sauras après. 8 Pierre lui dit : Non, jamais tu ne me laveras les pieds. Jésus lui répondit : Si je ne te lave pas, tu n'as pas de part avec moi. 9 Simon Pierre lui dit : Alors, Seigneur, pas seulement mes pieds, mais aussi mes mains et ma tête ! 10 Jésus lui dit : Celui qui s'est baigné n'a besoin de se laver que les pieds : il est entièrement pur ; or vous, vous êtes purs, mais non pas tous. 11 Il savait en effet qui allait le livrer ; c'est pourquoi il dit : Vous n'êtes pas tous purs.

12 Après leur avoir lavé les pieds et avoir repris ses vêtements, il se remit à table et leur dit : Savez-vous ce que j'ai fait pour vous ? 13 Vous, vous m'appelez Maître et Seigneur, et vous avez raison, car je le suis. 14 Si donc je vous ai lavé les pieds, moi, le Seigneur et le Maître, vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns aux autres ; 15 car je vous ai donné l'exemple, afin que, vous aussi, vous fassiez comme moi j'ai fait pour vous. 16 Amen, amen, je vous le dis, l'esclave n'est pas plus grand que son maître, ni l'apôtre plus grand que celui qui l'a envoyé. 17 Si vous savez cela, heureux êtes-vous, pourvu que vous le fassiez !

18 Ce n'est pas de vous tous que je le dis ; moi, je connais ceux que j'ai choisis. Mais il faut que soit accomplie l'Ecriture : Celui qui mange mon pain a levé son talon contre moi. 19 Dès maintenant, je vous le dis, avant que la chose arrive, pour que, lorsqu'elle arrivera, vous croyiez que, moi, je suis. 20 Amen, amen, je vous le dis, qui reçoit celui que j'envoie me reçoit, et qui me reçoit reçoit celui qui m'a envoyé.

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