La résurrection de Lazare (Jean 11, 1 - 44) par Alexandra Domnec RETOUR |
Huile sur toile - 65 x 54 cm (15 F) - Décembre 2012
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Texte
de la Bible
1
Il y avait un homme malade ; c'était Lazare de Béthanie,
le village de Marie et de sa sœur Marthe. 2 Il s'agit de cette
même Marie qui avait oint le Seigneur d'une huile parfumée
et lui avait essuyé les pieds avec ses cheveux ; c'était
son frère Lazare qui était malade. 3 Les sœurs
envoyèrent dire à Jésus : « Seigneur, celui
que tu aimes est malade. » 28 Là-dessus, elle partit appeler sa sœur Marie et lui dit tout bas : « Le Maître est là et il t'appelle. » 29 A ces mots, Marie se leva immédiatement et alla vers lui. 30 Jésus, en effet, n'était pas encore entré dans le village ; il se trouvait toujours à l'endroit où Marthe l'avait rencontré. 31 Les Juifs étaient avec Marie dans la maison et ils cherchaient à la consoler. Ils la virent se lever soudain pour sortir, ils la suivirent : ils se figuraient qu'elle se rendait au tombeau pour s'y lamenter. 32 Lorsque Marie parvint à l'endroit où se trouvait Jésus, dès qu'elle le vit, elle tomba à ses pieds et lui dit : « Seigneur, si tu avais été ici, mon frère ne serait pas mort. » 33 Lorsqu'il les vit se lamenter, elle et les Juifs qui l'accompagnaient, Jésus frémit intérieurement et il se troubla. 34 Il dit : « Où l'avez-vous déposé ? » Ils répondirent : « Seigneur, viens voir. » 35 Alors Jésus pleura ; 36 et les Juifs disaient : « Voyez comme il l'aimait ! » 37 Mais quelques-uns d'entre eux dirent : « Celui qui a ouvert les yeux de l'aveugle n'a pas été capable d'empêcher Lazare de mourir. » 38 Alors, à nouveau, Jésus frémit intérieurement et il s'en fut au tombeau ; c'était une grotte dont une pierre recouvrait l'entrée. 39 Jésus dit alors : « Enlevez cette pierre. » Marthe, la sœur du défunt, lui dit : « Seigneur, il doit déjà sentir... Il y a en effet quatre jours... » 40 Mais Jésus lui répondit : « Ne t'ai-je pas dit que, si tu crois, tu verras la gloire de Dieu ? » 41 On ôta donc la pierre. Alors, Jésus leva les yeux et dit : « Père, je te rends grâce de ce que tu m'as exaucé. 42 Certes, je savais bien que tu m'exauces toujours, mais j'ai parlé à cause de cette foule qui m'entoure, afin qu'ils croient que tu m'as envoyé. » 43 Ayant ainsi parlé, il cria d'une voix forte : « Lazare, sors ! » 44 Et celui qui avait été mort sortit, les pieds et les mains attachés par des bandes, et le visage enveloppé d'un linge. Jésus dit aux gens : « Déliez-le et laissez-le aller ! » (d'après la TOB, Traduction Œcuménique de la Bible) |
Scène
: ...mais où est Lazare ?
Et
nous à cet instant, qui sommes-nous ? un spectateur ? un
témoin ? Nous sommes en pleine journée, au-dessus de Béthanie, petit village à environ 3 km de Jérusalem, situé à l'est du Mont des Oliviers. La scène se passe à l'instant où "Jésus leur dit : Déliez-le, et laissez-le aller." (Jean 11, 44) Nous ne voyons pas Lazare, mais juste une bandelette de lin qui tombe à terre et la pierre roulée. Une foule entoure Jésus (en blanc), comme une hélice montante. La "résurrection de Lazare" n'est relatée que dans l'Evangile de Jean. C'est le dernier des 7 signes* de cet évangile. Et, celui-ci va entraîner, à Jérusalem , la décision de faire mourir Jésus, comme nous pouvons le lire dans les versets suivants (Jean 11, 45 - 57). * Un
8ème signe, la "pêche miraculeuse", est
raconté à la fin de l'évangile,
après la résurrection de Jésus-Christ. Le Message : Une chaîne d'amour et de vie 1/ Comment traduire l'ambiance générale ? En ce qui concerne la composition du tableau, j'ai voulu créer un fort contraste : entre l'ombre et la lumière, comme une opposition entre la mort et la vie
entre verticalité et horizontalité :
* Les mots "se lever",
"se relever", "réveiller", "faire lever", "relever", "ressusciter",
"résurrection"... ont la même origine. Il s'agit
des verbes grecs "egeiro" ou "anistemi". 2/ Que font tous ces personnages ? Ce qui m'a d'abord paru étonnant dans ce long texte, c'est tout ces va-et-vient. Sur 44 versets, seulement 7 concernent la résurrection en tant que telle. Le reste décrit davantage les mouvements et les agissements des proches et des amis de Lazare. Je me suis demandée pourquoi ? Ainsi et contrairement aux représentations classiques de ce texte, où l'on voit souvent Lazare au centre du tableau, sortant d'une caverne entortillé comme une momie, j'ai voulu parler de toutes les personnes qui interviennent dans cette histoire. Et j'ai placé Jésus-Christ au centre du tableau. J'ai l'impression que cette résurrection, cette relevée est le fruit d'une chaîne d'amour et de vie animée par Jésus-Christ. Chacun contribue à sa manière, même si c'est de façon imparfaite, à un projet commun, un projet parfait, mais parfait avec Dieu (Psaume 18,33). Et Jésus-Christ enseigne comment...
J'ai illustré cette longue démarche par une élévation constituée de différentes étapes, symbolisées par différents niveaux de personnages. * Gloire
de Dieu : [...] la Bible parle de la
gloire de Dieu pour évoquer son action
présente, par exemple c'est la "gloire de Dieu"
qui libère les hébreux de l'esclavage en
Égypte, les guidant dans le désert, les
nourrissant et leur donnant de l'eau afin de les amener jusqu'au lieu
de la promesse. Cette "gloire" c'est donc la présence
agissante de Dieu pour nous et en nous. Niveau 1 : La mort Tout en bas dans la partie la plus sombre du tableau.
Niveau 2 : Le manque et l'appel Partie intermédiaire, un peu plus claire.
Jésus-Christ répond et vient (Jean 11, 7 "retournons en Judée" et 15 "Mais allons à lui"), même si c'est au détriment de sa vie (Jean 11, 2 rappel de l'onction avant la Passion et 8 "les juifs cherchaient à te lapider"), même au fond de nos tombeaux (Jean 11, 38 "il s'en fut au tombeau") et de nos résistances les plus profondes (Jean 11, 39 "il doit déjà sentir")... * Croire : [...]Être
" croyant " dans la Bible, c'est une question de foi,
pas de doctrine. C’est une question d’espérance
en Dieu. Et il y a un malentendu terrible sur la traduction
de verbe. Le verbe "pisteuo" (en grec) ou "aman" (en hébreu)
n'est pas du domaine de la croyance mais du domaine de la foi,
de la relation à Dieu, d'une relation maintenue
même si c'est pour s'opposer à lui (comme Abraham
devant Sodome et Gomorrhe 1, ou Moïse sur la montagne 2) ou en
doutant de lui (comme David dans le Psaume 22)[...] * Espérance
: [...] c'est comme une sorte de visée sur notre
chemin où l'on accroche sa vie. C'est comme un
lien qui nous accroche à quelque chose de solide, comme une
corde accrochée à une ancre permet à
un bateau de ne pas aller à la dérive. [...] (Voir l'ensemble de l'explication dans : Simple petit Dictionnaire de
Théologie)
Niveau 3 : La consolation Partie intermédiaire, encore plus claire.
Jésus console :
* S'agenouiller
: [...]"bénir" vient d'un mot
hébreu qui signifie "le genou", il
s'agit donc de s'agenouiller devant Dieu comme le
serviteur qui se met à la disposition de
son roi, pour sa vie comme pour sa mort. Il lui offre sa vie, et en
réponse le Seigneur « bénit »
le serviteur en le relevant, en lui donnant la vie sauve, et en lui
offrant une mission avec toute l'aide dont il aura besoin pour
l'accomplir. C'est ainsi que pour s'élever, la
première chose à faire... c'est de s'abaisser
devant Dieu. Nous ne pouvons nous élever
nous-mêmes, c'est Dieu qui peut nous élever, et la
plus grande chose que nous puissions faire, c'est de le servir. [...] (Voir l'ensemble de l'explication sur ce
Psaume dans : la Prédication sur le Psaume 134
par Louis Pernot) * Service : [...]Paul compare l'humanité à un corps dont chacun de nous serait une main, un doigt de pied, un oeil... chacun avec son utilité propre, avec le Christ qui est comme la tête du corps que nous formons ensemble. Unis par le Christ, notre diversité est alors une communion. Christ coordonne nos services... [...](Voir l'ensemble de l'explication dans : Simple petit Dictionnaire de Théologie) * Compassion
: (du latin : cum patior, "je souffre avec" et du grec sym patheia,
"sympathie") C'est une vertu par laquelle un individu est
porté à percevoir ou ressentir la souffrance
d'autrui, et poussé à y remédier. (source Wikipedia) Niveau 4 : La libération Tout en haut dans la partie la plus claire du tableau.
Jésus peut nous remettre "debout et en marche". Il libère nos
vies de nos entraves et de nos peurs ("Jésus leur dit : Déliez-le,
et laissez-le aller."). Tout ceci me fait penser au magnifique Psaume 133, le "Psaume de l'Amour", dont je citerai le début et la fin : "Voici,
comme il est bon, comme il est agréable pour des
frères d'habiter unis ensemble ! [...] *
Voir l'ensemble
de l'explication de ce Psaume dans : la Prédication sur le Psaume 133
par le Pasteur Louis Pernot |
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